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Roland HUREAUX

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 11:24

            Publié dans Boulevard Voltaire

 

Il semble que , malgré sa longueur,  le   débat parlementaire sur le projet de réforme régionale n'ait rien appris au ministre de l'intérieur Bernard  Cazeneuve, qui répète en boucle la formule rituelle selon laquelle il faut  donner à nos régions la  "taille critique nécessaire  pour faire face  aux autres  régions européennes".

Concept ressassé depuis 25 ans par une poignée d' idéologues socialistes, plus soucieux de  faire du vent que de résoudre les vrais problèmes de la France. Les régions d'Europe sont-elles en concurrence en fonction de leur taille ?  Bien sûr que non puisque, à nos portes,  la Sarre,  plus petite que presque toutes les régions françaises est tout à fait  heureuse  de son sort et que les  cantons suisses, encore plus petits,  se débrouillent  très bien comme il sont.  

Rarement on aura vu un gouvernement engagé dans une réforme autant dépourvue  de  rime et de raison.

Répétons le : nos régions  ne  sont pas plus petites que celles du reste de l'Europe . Leur taille moyenne (2,9 millions d'habitants pour l'hexagone)  est égale à celle de l'Italie , supérieure à celle de l'Espagne. 8 länder allemands sur 15 et 20 Etats américains sur 50 sont au-dessous de la moyenne  française.

"Il  est quelquefois nécessaire de changer certaines lois ; mais le cas est rare; et lorsqu'il arrive, il n'y faut toucher que d'une main tremblante" (Montesquieu). A plus forte raison quand on touche à un  repère aussi fondamental que l'organisation territoriale .

En opposant un découpage à 15 régions à un découpage à 13 régions,  le Sénat aura perdu une occasion de montrer  à quoi  il servait : il n'était pourtant pas difficile pour cette assemblée récemment passée à droite de s'opposer  à un projet aussi  indéfendable.

D'autant que cette réforme inutile va coûter  cher : contrairement à ce que  trop de gens  croient  , en effet , les opérations de fusion et de regroupement dans la sphère publique génèrent toujours, nous disons bien toujours,   de coûts supplémentaires : on en avait eu l'exemple avec l'intercommunalité qui avait généré près de 200 000 emplois publics. Mais il y en a bien d'autres.   C'est la méconnaissance de ce fait basique,   qui explique largement que,  malgré 25 ans de "réforme de l'Etat", les dépenses publiques   ne soient toujours pas maîtrisées.

On ne pouvait par ailleurs imaginer de réforme plus méprisante pour la France rurale. Songeons qu'il n'y aura plus aucune métropole  régionale entre la Loire, la Garonne et le Rhône, soit sur un tiers  de notre territoire, celui qui, selon les très intéressantes études de Christophe Guilluy[1]est aujourd'hui le plus  déshérité. Même chose entre Paris et Strasbourg.

Il y avait bien des raisons morales ou religieuses   pour   manifester contre la loi Taubira  mais la  meilleure était  sans doute   de faire  barrage à cette irruption de la déraison qui consiste à vouloir   marier  un homme et un homme,  une femme et une femme ( alors que la récente réforme des conseils généraux concoctée par le même gouvernement rend obligatoire  aux candidats de se présenter en tickets homme-femme ! On croit rêver) . Mais l'exemple de la réforme régionale montre que  la déraison est une maladie  contagieuse. N'en doutons pas , ce n'est  pas seulement en matière sociétale  qu' elle s'exprime: toute l'action publique en est désormais contaminée. 

                                                                       Roland HUREAUX 



[1]Christophe GUILLUY, La France périphérique , 2014

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