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Roland HUREAUX

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 16:51

 Article paru dans Le Figaro 26/2/2010

De quelque manière qu’on le considère, il n’y a que trois moyens   de résoudre le problème que pose année après année le vieillissement de la population à nos systèmes de retraite : l’augmentation des cotisations, la diminution des prestations ou l’allongement de la vie active.

L’augmentation des cotisations est la solution de facilité : elle  risque d’être insupportable à terme. Dépenses publiques et transferts représentent déjà 52,7 % du PIB en France: aucun grand pays n’est allé  si loin. N’en déplaise aux tenants du tout-social, au-delà d’un certain seuil, des transferts  excessifs multiplient les effets pervers, surtout s’ils sont financés par des prélèvements comme ce devrait être la règle : évasion, injustice fiscale, travail au noir, diminution de la compétitivité et donc chômage etc. Un fardeau exagéré imposé par les vieilles générations aux  plus jeunes, puisque c’est de cela qu’il s’agit en matière de retraites, risque d’écraser celles-ci et d’entraîner l’effondrement du système.

La diminution des prestations  est aujourd’hui difficilement envisageable, même pour ceux qui prônent, un peu à la légère, la mise en place des fonds de pension qui ne produirait ses effets  que dans quinze  ou vingt ans.  Nous ne sommes cependant pas à l’abri d’une telle diminution, surtout si nous ne faisons rien. En cas de retour de l’ inflation , une telle diminution se produirait faute que  les retraites nominales puissent être revalorisées.

Reste la troisième solution: retarder de l’âge de la retraite (sauf pour ceux qui ont eu les métiers les plus pénibles). Compte tenu de l’amélioration générale de la santé , de l’allongement de la durée de la vie, de la réduction de la durée du travail,   cette solution est évidemment la moins difficile à condition que le taux de chômage n’augmente pas en parallèle. D’autant que l’arrivée massive  à la soixantaine, depuis  2006, des classes pleines de l’après-guerre se conjugue  avec le rétrécissement progressif des cohortes de jeunes en fin d’études.  

Quand et jusqu’où faut-il  relever l’âge de la retraite ? Nous proposons de le faire de manière progressive en instaurant une règle qui, une fois admise, rendrait  insensible ce relèvement : une échelle mobile de l’âge de la retraite en fonction de la pyramide des âges.

 

En fonction de la pyramide des âges

 

Aujourd’hui, en partant d’un âge de la retraite fixé à 60 ans, le rapport des actifs potentiels ( la strate  de 20 à 60 ans) aux retraités potentiels ( les plus de 60 ans) est de 2,4.  ce qui signifie en gros qu’un retraité est soutenu par 2,4 actifs ( en fait moins, compte tenu de l’allongement des études, du chômage et des préretraites, tous facteurs qui expliquent que le rapport effectif des cotisants aux retraités ne soit  que de  1,9). Ce rapport  ne sera , en maintenant les mêmes  seuils d’âge que de 1,8 en 2020  et 1,5 en 2040.  La  loi pourrait  établir que ce rapport doit  rester constant en posant  par exemple que « l’âge de la retraite sera fixé chaque année par décret de telle manière que le rapport du nombre de ceux qui auront entre  vingt ans et cet âge là au nombre  de ceux qui dépasseront cet âge demeure  égal à  2,5 ».

L’INSEE étant un organisme officiel, ses chiffres doivent pouvoir servir de base à un tel  calcul.   

Le gouvernement qui inscrirait une telle règle dans la loi résoudrait durablement  la question de l’équilibre des caisses de retraite, la dégradation de la pyramide des âges entraînant un relèvement progressif de l’âge de la retraite. Son amélioration, qu’elle résulte de   la natalité ou de l’immigration permettrait de le rabaisser. Sans doute la règle sera-t-elle difficile à faire comprendre  au début  mais l’effort initial  d’explication qui serait nécessaire constituerait un investissement. Une fois la règle comprise et acceptée, le glissement annuel rendu nécessaire par le vieillissement se ferait sans douleur.

Une formule glissante est déjà utilisée  en matière de retraite  La retraite du régime général est  fixée en fonction de la durée de cotisation ( 160 trimestres ans pour le taux plein ): façon d’en retarder l’âge au fur et à mesure de l’allongement de la scolarité. Mais cette formule ne prend pas en compte la variable démographique. 

Une échelle mobile à caractère démographique aurait l’avantage   de faire prendre conscience, ne serait-ce que par les débats qui accompagneraient la mise en place d’un tel système, de l’importance de la démographie dans la question des retraites. Elle aurait ainsi un caractère hautement pédagogique.

 

Pédagogie démographique

 

Le poids de la démographie en la matière est en effet une donnée mal connue de l’opinion. D’autant que tout le vocabulaire qui entoure la question des retraites depuis cinquante ans : le calcul du nombre de points, les trimestres de cotisations etc. nourrit l’illusion que nous sommes dans un système de capitalisation où la variable démographique n’entrerait pas en ligne de compte. Une échelle mobile démographique remettrait les idées en place à tous ceux à qui ce vocabulaire fallacieux donne  l’illusion que les caisses mettent leurs cotisations de côté pour leur verser une  retraite. Le fonctionnement véritable d’un régime appelé à rester encore longtemps un régime de répartition serait ainsi mis  en évidence.  

Le poids de la démographie en matière de retraites serait encore mieux mis en valeur  si au lieu de bâtir le ratio sur la tranche d’âge au-dessus de 20 ans, on prenait en compte toute la population  au-dessous de l’âge de la retraite. Un tel calcul serait sans doute moins exact économiquement, dans la mesure où seuls les actifs contribuent au financement des retraites, mais il aurait l’avantage  d’intégrer directement le paramètre de la  fécondité dans le calcul annuel de l’âge de la retraite. Autant qu’une active politique familiale, un tel mode de calcul serait une incitation au renouvellement des générations. On sortirait ainsi de la situation absurde où les plus de quarante ans – où se recrutent la plupart des décideurs – ne sont plus susceptibles d’être affectés dans leur vie personnelle par  l’évolution de la fécondité, et se trouvent par là  peu sensibles à cette variable. 

Quelle que soit la formule utilisée, la mise en œuvre d’une échelle mobile  de l’âge de la retraite, mettant clairement en lumière le mécanisme de la répartition,   aurait le mérite de se fonder sur  la vérité économique et démographique des retraites.

 

 Roland HUREAUX  

 

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