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Roland HUREAUX

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 08:07

 

Le projet gouvernemental de réforme des régions  suscite, avec raison, un immense tollé.

Touche pas à ma commune a pour vocation de défendre la commune qu'une certaine technocratie voudrait voir s'"évaporer " définitivement dans les structures intercommunales, elles-mêmes de plus en plus vastes et éloignées du terrain.

Mais notre association ne saurait être indifférente à ce qui se prépare du côté des régions. Car le principe est le même.

Il s'agit dans les deux cas de regrouper, regrouper à toute force  avec l'idée toute faite et jamais confirmée dans les faits que la taille donne plus d'efficacité.

Dans le cas de la région, le projet repose sur une idée fausse : nos régions seraient trop petites par rapport au reste de l'Europe. Or cela est totalement faux.  La population moyenne de nos 21  régions métropolitaines ( Corse exclue)  est de 2,9 millions d’habitants ;  celle des  20  régions italiennes de 2,9 millions aussi. Celle des 17  communautés  espagnoles de  2,5 millions.

Reste l’Allemagne : en moyenne,  ses 15 länder ont 5 millions d’habitants, mais comme ils sont très inégaux, sait-on que  8  sur 15 sont plus  petits  que la moyenne française ? Et  si l’on ne considère que les 6 länder de l’ancienne Allemagne de l’Est,   découpés  après  la réunification, leur moyenne est de 2, 5 millions seulement. 

On peut  aller plus loin : aux  Etats-Unis,  20 Etats sur 50 ont moins de 3 millions d’habitants sans qu’il soit question de  regrouper quoi  que ce soit ! 

Inutile, cette réforme , comme la réforme communale,  sera coûteuse.

 Une fois de plus,  fois ses promoteurs ne tiennent pas compte d'un    grand principe de la réforme administrative qui veut que,  contrairement au  secteur privé,   les opérations de concentration ou de  fusion    entraînent dans le secteur public, à service égal, des coûts supplémentaires.  Dit autrement : il n'y a jamais  d'économies d'échelle dans le secteur public, mais au contraire des frais généraux croissants avec la taille.   

C'est pour avoir ignoré ce principe que , depuis vingt-cinq ans, à peu près toutes les   réformes administratives se sont traduites, en dépit de leurs objectifs affichés, par un alourdissement des charges publiques.

Nous pourrions  multiplier les exemples :  la création de Pole emploi par la fusion de l'ANPE et des Assedic  (40 000 postes avant la fusion,  50 000 après), le regroupement des hôpitaux au sein des agences régionales de santé qui n'a fait que créer une strate bureaucratique supplémentaire, le rapprochement de la police et de la gendarmerie,  les nouveaux organigrammes  prétendus  simplifiés des préfectures , la création de France-Télévision par le rapprochement de France 2 et FR3  etc.   

Mais le cas le plus caricatural est sans doute l'intercommunalité  dont le but était au départ de faire des économies et qui a exigé au contraire  , pour être mise  en œuvre ,   le recrutement  de  près  de 200 000  fonctionnaires supplémentaires !  Ce qui nous conduit à penser que la réforme régionale projetée  va conduire elle aussi, non pas à économiser mais à engager quelques nouveaux milliards   de dépenses.

Mais le troisième point commun qui rapproche la réforme régionale de la réforme communale est le plus grave. Subrepticement, sournoisement, le but inavoué de ces réformes est de faire disparaître un peu plus les repères  qui permettent à nos concitoyens de se situer dans le monde. Elles  viennent s'ajouter à toutes sortes d'évolutions  dont l'effet est identique : remise en cause des frontières, du département (déjà entamée avec la suppression du numéro à deux chiffres),  remise en cause de la chronologie dans l'enseignement de l'histoire, voire de l'histoire tout court, de l'enseignement  de la morale, de la différence des sexes etc.  La déstructuration de l'espace va ainsi avec celui du temps.

Le résultat qu'il faut  attendre  de ces changements, ce n 'est pas, contrairement à ce qu'on nous dit, la modernisation de la France mais  une société de zombies, ayant perdu tous leurs repères , paumés, dont on attend sans doute qu'ils ne soient plus qu'une masse fongible et docile entre les mains des grands manitous de  la finance  mondialisée.

 

                Roland HUREAUX

                Président de Touche pas à ma commune

 

 

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