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Roland HUREAUX

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 17:17

Paru dans Marianne 2

 

Même sans éprouver une  sympathie particulière pour le chef centriste, beaucoup ont été choqués par  le traitement que   le parti socialiste a réservé à François Bayrou. Après la position risquée que ce dernier avait prise en appelant  à voter   Hollande au second tour de la présidentielle,  il s’est vu confronté au maintien du candidat socialiste, ce qui lui a fait perdre son siège de député.

Affaire différente à bien des égards mais qu’on peut traiter dans la même rubrique : le complot socialiste (soutenu par une partie de la droite locale) pour abattre Ségolène Royal à La Rochelle. Ce n’est pas seulement le tweet bien mal venu  de la maîtresse du président  qui se trouve en cause. C’est aussi l’acharnement d’une partie de l’appareil à son encontre. Ceux qui dans le tout –Paris ne suivaient pas l’affaire de près furent persuadés (par qui ?) que Ségolène Royal  prenait son siège à Falorni, supposé député sortant,  alors que le sortant était quelqu’un d’autre. Une lettre de soutien sans équivoque a été adressée par le président de la République à son ancienne compagne mais peut-on exclure le partage des rôles entre Monsieur Hollande et Madame Trierweiler ?

On a mis tout cela sur le dos de Martine Aubry qui doit l’avoir bon. Mais, de fait,   c’est tout le  parti qui est impliqué.

Et comment peut-on imaginer que le  nouveau chef de l’Etat n’arrive pas à  faire élire la mère de ses quatre enfants, laquelle  demeure, même s’il n’y eut pas légalisation, la plus légitime de ses femmes ?

A Pau comme à La Rochelle, le  résultat est le même: la mise  à l’écart du débat de deux anciens  candidats à la présidence de la République, personnalités  dont  l’originalité ressort de   la grisaille croissante du milieu politique.

A ces deux cas, on pourrait ajouter celui d’Hénin-Beaumont où l’acharnement du PS  contre Mélenchon laisse supposer qu’il n’avait personne d’autre à combattre dans cette  circonscription !

Dans les trois cas, ce  sont des  hommes du parti, et de rien d’autre,  d’obscurs apparatchiks,  qui voulaient la place et qui l’ont eue.  

Des  affaires qui ne sont pas à la gloire de ce parti.

 

 

A nous toutes les places

 

Mais il faut aller au-delà. Quand la droite est au pouvoir, il est  permis à tout homme réputé de gauche d’espérer exercer une fonction officielle : sous Sarkozy,  le ministre des affaires étrangères, le haut-commissaire aux solidarités actives, le premier président  de la Cour des Comptes, le directeur de France Inter, nommés par Sarkozy, venaient de  de la gauche. Les inspirateurs principaux de la politique de Sarkozy s’appelèrent Jacques Attali, Bernard-Henri Lévy, Jean-Pierre Jouyet, Richard Descoings etc.  Certains,   suprême élégance, se rallièrent  à François Hollande quelques semaines avant la présidentielle !

Rien de tel quand la gauche est au pouvoir. Les hommes tant soit peu étiquetés à droite dans la haute fonction publique le savent : ils n’ont rien, absolument rien,  à espérer pour cinq ans. En 2012, comme en 1981 et en 1997 (sous réserve dans ce dernier cas de la cohabitation), le mort d’ordre de la gauche est simple : à nous toutes les places,  tout de suite.  Ne font exception que les corps où les gens de gauche sont trop  peu nombreux : préfets, généraux : certains d’entre eux, quelles que   soient leurs opinions intimes font cependant allégeance  aux réseaux de gauche et cela seul importe.

A gauche, plus qu’à droite,  c’est bien connu, on se soutient et, pour cette raison, on  y fait plus  facilement  carrière.   Rassurons-nous : il n’y aura pas de mouvement des députés  socialistes de  base, excédés par trop de  nominations d’ouverture, comme il y en eut à l’UMP en 2008,  pour la bonne raison que de telles nominations, il  n’y en aura pas.

Cette  dissymétrie est bien connue des gens du sérail mais mal connue du grand public. Au moins pour cette raison, on ne peut pas tenir la droite et la gauche pour équivalentes.

Pour l’expliquer, il  faut, bien sûr, faire la part du fait que,  pour  la gauche,    la politique est un substitut  de la religion (les hommes de gauche n’en ayant généralement pas !). Il y a pour eux les bons et les  mauvais et, au fond de l’esprit de tout militant de gauche, subsiste la conviction que tout homme de droite est quelque part un salaud, pour utiliser le vocable hautement philosophique  de Jean-Paul Sartre.  Lui faire   cadeau de la moindre miette de pouvoir ne serait pas seulement une faute politique, ce serait une mauvaise action ! 

L’affaire Strauss-Kahn n’a rien changé : peu de gens de gauche qui ne soient persuadés de la supériorité morale de leur camp  (puisque il est supposé être celui des pauvres, ce qui compte encore dans un climat de post-christianisme abâtardi !). Ne font exception que quelques   cyniques  de haut vol,  dont la fréquentation est, il faut bien le dire,  plus agréable pour les gens de droite que celle de la base : François Mitterrand était sans doute de ceux-là. Lionel Jospin, sûrement pas. François Hollande ? On se le demande.

Autre raison  de cette attitude : la gauche étant supposée  venir davantage que  la droite  des classes populaires, elle a une revanche à prendre à la mesure de son handicap de départ. Inutile de dire ce que peut valoir encore un tel argument quand le tiers du gouvernement, comme  c’est le cas aujourd’hui, est familier des clubs les plus sélects de la capitale !

Mais permettons nous de penser aussi  que dans le sectarisme propre à la gauche (et qui est encore pire à la gauche de la gauche),  il n’y a pas seulement le sentiment d’une supériorité morale ou d’une revanche à prendre, il y a    tout simplement une approche vulgaire du pouvoir, la même qui s’est exprimée à Pau et à La Rochelle : le pouvoir  est grand fromage  dont il faut  profiter tout de suite : vite, vite, jouissons en pleinement  et sans partage !   

 

Roland HUREAUX

 

Assurément, la préférence pour la médiocrité existe aussi à droite. Il faudrait  étudier combien elle a joué aux  élections.

Il faut traiter à part la présidence de la commission des finances des assemblées : c’est la révision constitutionnelle de Sarkozy qui prévoit qu’elle va, de droit, à l’opposition.

Une opinion à réviser quand on compare l’origine sociale des principaux leaders de la gauche et de la  droite au cours des trente dernières années.

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