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Roland HUREAUX

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 21:40

LA GRECE AU BORD DU SALUT

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/La-Grece-au-bord-du-salut

 

http://www.atlantico.fr/decryptage/et-grece-etait-en-fait-au-bord-salut-roland-hureaux-2219678.html

 

 

Tout le monde  attend  qu' une catastrophe de première magnitude frappe la Grèce  à l'annonce de son défaut ou de sa sortie de l'euro. Cette  opération pourrait lui apporter au contraire  le salut.

Sans doute le choc  sera  rude . La sortie de l'euro  signifiera pour elle une dévaluation d'environ 50 % et donc un doublement  des prix des produits importés ,  soit  la plupart de produits de première nécessité.  

Il est inutile de chercher à savoir si ce réajustement constitue   un  bien ou un mal car,  pour douloureux qu'il soit , il est inévitable.  Il devait  se produire  un jour  ou l'autre et attendre le rendrait encore plus cruel.  Il  ne s'agit au demeurant que d'une opération de clarification, d'un retour à la  vérité des prix,  d' un retour sur terre.  La Grèce cessera de vivre au -dessus de ses moyens, c'est tout.  

Certes   l'opération sera  douloureuse  pour un pays qui a déjà perdu 35 % du PIB.   Mais elle a sa contrepartie: les coûts de production grecs, à commencer par ceux des  hôtels de tourisme, seront diminués de 50 %. Le temps pour que les agents encore en mesure de produire tirent pleinement parti de cet avantage comparatif considérable, estime-t-on au vu des nombreuses expériences analogues qui  se sont produites au cours du XXe siècle,  est de  six mois.   Et alors les choses repartent  très vite, généralement au-delà des espérances.

 

Retour de l'espoir

 

On dira que tant  qu' à accepter des sacrifices , la Grèce pourrait  accepter aussi bien ceux que lui impose la troïka et qui reviennent  au même , et ainsi rester dans l'euro. Ce disant, on prône la dévaluation intérieure, ou déflation par baisse  des prix domestiques, ce que l'Europe essaye d'imposer à la Grèce depuis plusieurs  années.  Or la différance est double .  D'abord parce que la déflation , partout où elle a été expérimentée, tue la croissance et même provoque la récession , ce qui n'est pas le cas de la  dévaluation. Ensuite parce qu'une    dévaluation interne représente des sacrifices sans espoir, alors que la dévaluation externe, même si les sacrifices sont au départ plus grands, s'accompagne de l' espoir, parfaitement fondé,  que les choses aillent mieux très vite.

Face à ce schéma qui s'apprend en première année de sciences éco (mais apparemment  beaucoup de nos décideurs   ne sont pas allés si loin), il se trouve toujours des sceptiques  pour dire  :  oui, mais ça c'est  la théorie , dans le cas de la Grèce,  ce schéma ne marchera pas, pour  telle ou telle raison : les Grecs sont trop paresseux, leur appareil productif est trop dégradé et ne repartira pas, les déséquilibres intérieurs resteront.

Et bien non : sauf en  cas d'inflation galopante de type latino-américain où la hausse des prix  annule  en quelques heures l'avantage comparatif retrouvé -  mais nous ne sommas pas dans ce cas  - , les dévaluations sont toujours efficaces pour rétablir la compétitivité et donc la balance du commerce  et la croissance.  Même si l'appareil productif est très dégradé, il révélera quelque niches que l'on ne soupçonne pas,  soit  pour l'exportation , soit pour  la substitution d'importation et , la pompe réamorcée, le  reste suivra.

Il est des lois économiques dont à juste tire il faut se méfier  car leur application est  tributaire des circonstances. Mais ce n'est  pas le cas de celle là:  la sensibilisé de la balance du commerce et donc de l'activité au taux de change est toujours effective, sans exception. Et comme les investisseurs qui ne s'embarrassent pas de théories brumeuses,  eux, le savent, ils reviendront très vite.

Il vaut mieux que l'opération soit accompagnée de politiques  structurelles, mais même   si ce n'est pas le cas, la loi économique s'appliquerait. Peut-être plus vite encore en Grèce car  les agences de tourisme, partenaires essentiels de l'économie grecque , savent déjà   qu'elles feront beaucoup plus de bénéfices  avec un retour à la  drachme.   

Le débat n'est pas nouveau: on a annoncé des catastrophes  avant presque  toutes les dévaluations : en France (1958, 1969), en Grande-Bretagne (1967, 2008), en Afrique avec  celle du  Franc CFA (1994)  ou ailleurs. Non seulement elles n'ont jamais eu lieu,  mais  les bienfaits se  sont fait ressentir très vite après.

Il y a évidemment une inconnue :   la communauté occidentale pourrait , d'une manière ou d'une autre,  boycotter la Grèce  et freiner son relèvement. Mais c'est peu probable . D'autant que les   contacts pris par Tsipras  avec la Russie lui donnent   une solution alternative , sinon pour une aide financière, du moins pour l'achat  de produits de première nécessité.

Quant à la dette, elle reste due même en cas de sortie de l'euro. Mais comme Athènes ne la réglait déjà pas,  la nouvelle situation ne changera rien.

Si la cohésion de la zone euro ne devrait pas être affectée immédiatement, elle pourrait l'être  au bout de quelque mois quand les autres pays en difficulté verront que la Grèce redémarre.

 

                                                                       Roland HUREAUX

 

  

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