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Roland HUREAUX

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 21:24

LA DROITE NE DOIT PAS REFAIRE L'ERREUR DE 2003

Xavier  Bertrand et Christian Estrosi ont paru heureux de leur élection à la tête de deux grandes régions  françaises. C'est bien normal, d'autant que leurs chances apparaissaient fort  compromises quelques semaines plus tôt.

Ils ont remercié les électeurs de  gauche qui , en suivant  les consigne du parti socialiste  demandant à "faire barrage au Front national",   leur ont permis ce succès.

Ils ont eu  tort.

Ils n'avaient à remercier personne  sinon leurs électeurs en général. Si des électeurs  de gauche ont voté pour eux , c'était leur affaire . Ils avaient leurs raisons : choisir ce qu'ils tenaient pour un moindre mal . Ces raisons les regardaient. L'ingratitude est parfois une vertu  politique.

Bertrand et Estrosi font la même erreur qu'avait commise  Jacques Chirac.

Que Chirac ait bénéficié en 1995 et en 2002 d'un coup de pouce de certains réseaux de gauche est indubitable. Cela lui a permis de battre au second tour puis d'éliminer dès le premier  tour un Jospin qu'une  partie de la gauche n'aimait pas : passant pour honnête, il ne   paraissait pas un candidat "normal".

Mais c'est au second tour  de 2002   que Chirac a bénéficié d'un apport massif de voix  de gauche soucieux de  battre le père Le Pen dont la présence au second tour , le fameux 21 avril, avait créé un immense choc. Chirac avait été  ainsi élu avec le chiffre record  de 80 %  des voix, sans précédent sous  la Ve République.

Il déclara alors que,  se sentant une dette envers ces électeurs,  il devait tenir compte aussi de leurs aspirations et mener une poltique modérée, tirant vers le centre gauche.

Ce fut une grave erreur. Chirac était pompidolien. Après le raz de marée de l'UDR en juin 1968, Pompidou avait dit en conseil des ministres : "N'abusons pas de notre victoire". De Gaulle lui avait  répliqué  sèchement "Une victoire,   ça s'exploite".

 

Une occasion manquée

 

Avec plus de 4 suffrages exprimés  sur 5 , Chirac avait en 2002 ce qu'il n'avait pas eu  en 1995 : une légitimité assez  forte pour lancer une politique de réforme  hardies. Or cette occasion , il ne l'a pas saisie.

Au lieu de cela,   il confia  à Jean-Pierre Raffarin la charge de constituer un gouvenrment dont le principal projet, la décentralisation,  ne heurtait personne  mais se trouvait en décalage complet par rapport aux vrais problèmes des Français.

Les réformes qu'il aurait dû faire  sont bien connues puisque elles sont encore à  l'ordre du jour:  restauration des   fondamentaux de   l'école,   refonte de la justice de mineurs,  contrôle de l'immigration, révision d'un système social aussi dispendieux qu'injuste.  Au moment où, en Allemagne,  Gerhard Schröder se lançait dans  une politique de dévaluation interne , par une réduction drastique des dépenses publiques et donc des coûts, il aurait été nécessaire de faire la  même  chose chez nous pour  que la zone euro ne se trouvât  pas durablement et irréversiblement déséquilibrée. Hors une modeste réforme des retraites, rien  de tout cela ne fut fait. La  réforme  de l'éducation nationale opérée dans la discrétion par Gilles de  Robien en fin de mandat devait être abrogée par Sarkozy. Croyant ménager le peuple de gauche en s'abstenant, Chirac ne ménageait que les options idéologiques de ses états-majors

Or c'est bien de cela que pâtit la France depuis  plus de quarante  ans, de l'absence de réformes dont la plupart peuvent être qualifiées sans honte de droite.

Il fut un temps, disons de 1930 à 1980,  où une grande  partie  des réformes nécessaires pouvaient être qualifiées de gauche : elles visaient la réduction de inégalités, l'amélioration de la protection des travailleurs, l' égalité de chances à école. Un Guy Mollet y excella. La droite aurait alors eu tort de   remettre en cause ces réformes et elle ne s'y risqua pas . Ce temps  est révolu  non seulement parce que  beaucoup a été était qui n'est plus à faire, mais aussi parce que la gauche, désormais plus préoccupée du sociétal que de social et  acquise au capitalisme mondialisé, ne s'y intéresse plus. Ce qui intéresse le vrai peuple, loin de le rechercher,  elle le rejette avec mépris comme "populiste". Cette gauche est idéologique; ce  ne sont pas des progrès   concrets de la condition populaire qu'elle poursuit  mais l'application de schémas idéologiques a prion , tous plus destructeurs les uns que les autres. Combien d'hommes de gauche  reconnaissent que c'est la gauche        ( ou plutôt  les idées de gauche quelquefois appliquées par des hommes de droite  comme René Haby, ministre de Giscard )  qui a  détruit  l 'école républicaine. L'hypertrophie des budgets publics et  les transferts sociaux abusifs, combinés avec l'asservissement à la politique monétaire de Berlin  sont  une des causes du chômage , une  justice idéologique où le déterminisme entraine la négation de la responsabilité encourage la délinquance etc.

Pour faire les réformes nécessaires, qui sont souvent - pas toujours - un retour au régime ancien,  dans  ces domaines sensibles où le politiquement correct s'exprime de manière terroriste, il  ne faut pas avoir de complexes vis à vis de la pensée dominante, mais il faut aussi une forte assise politique, celle que Chirac avait après le 21 avril et dont il ne s'est pas  servi.

Comme il est  tout à  fait possible que le prochain président soit élu selon le même schéma qu' Estrosi et Bertrand, fera-t-il la  même erreur ? Ce serait encore cinq,  voire dix ans de perdus ;    la France y survivra-t-elle ? 

 

                                               Roland HUREAUX

 

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