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Roland HUREAUX

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 15:31

Il n'y a peut-être pas de précédent à l'ampleur du rejet qu'expriment les dernières élections européennes ou départementales à l'égard du parti socialiste aujourd'hui en place.

Il faut , pour en rendre compte, aller au-delà des explications habituelles. La crise économique ? Mais on a vu de peuples continuer à faire confiance à leurs dirigeants malgré elle. Tel ou tel scandale ? Les Français en ont vu d'autres.

La vérité nous paraît être que la population a pris conscience d'un fait essentiel et , à ce degré, sans précédent lui aussi : François Hollande et son équipe ne gouvernement pas la France. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne font rien. Ils font autre chose. Ils profitent de leur passage aux affaires, pour imposer, à peu près en tous domaines des vues idéologiques à mille lieues des problèmes réels du pays.

Gouverner, c'est chercher tout simplement le bien commun. C'est donc s'attacher à résoudre les problèmes principaux d'un peuple . Aujourd'hui ces problèmes sont clairs: le chômage, l'érosion du niveau de vie, l'insécurité, l' immigration, l'illettrisme, la perte des repères . Ces problèmes, les socialistes les connaissent mais tout se passe comme s'ils ne les préoccupaient guère ! Sur aucun sujet, ils ne donnent le sentiment de vouloir régler les problèmes réels des Français.

Chacune des réformes lancées par Hollande n'a d'autre but que d'aligner la réalité sur tel ou tel modèle idéologique.

Il ne s'agit certes plus d'un modèle idéologique compact, comme dans la défunte Union soviétique. Mais les socialistes n'ont pas pour autant abandonné toute volonté de transformer la société en profondeur. Ils ne sont pas devenus "pragmatiques" : au contraire , ils le sont moins que jamais. Mais leur projet met l'accent sur le sociétal et est au service d'une vision libérale libertaire de l'homme. Tant pis si cette vison est fausse, qu'elle repose, comme toutes les visions idéologiques, sur une vision tronquée de l'homme.

La Loi Taubira, réforme emblématique

Une réforme idéologique, c'est une réforme que personne ne demande en dehors d'idéologues très peu nombreux : c'est évidemment le cas du mariage homosexuel , principale réforme de Hollande, que personne ne demandait en dehors des groupuscules LGBT ! Et c'est une réforme qui ne résout aucun problème: très peu de gens ont utilisé les procédures ouvertes par la loi Taubira. Mais le but est de faire entrer dans le réel, par la loi, une théorie sans fondement scientifique qui est la théorie du genre.

La réforme des régions est partie elle aussi d'un idée fausse: le culte de la grande dimension dont on se figure à tort qu'elle fait faire des économies alors que c'est le contraire. Partant de là on s'est persuadé que nos régions étaient trop petites, alors que c'était faux : elles avaient peu ou prou la même dimension que dans les autres pays. Voilà encore une réforme que personne ne demandait et qui ne résout aucun problème - qui les aggravera même probablement.

La loi Macron semble au premier abord plus réaliste car elle contient, par exception, quelques dispositions qui contribueront à améliorer certaines choses, comme l'accélération des procédures de passation du permis de conduire . Mais c'est assez limité. Même si elle a une inspiration libérale qui plait à la droite , il s'agit aussi d'un ensemble de réformes idéologiques que personne ne demandait et qui n'amélioreront rien. Ainsi les notaires et les autres professions réglementées faisaient très bien leur travail et personne ne s'en plaignait. Le problème, qui n'est pas un vrai problème : leur mode d'organisation ne correspond pas au modèle d'une économie régie par la concurrence généralisée. Donc il fallait les en rapprocher. Certes, on n'est pas allé loin car les régimes d'aujourd'hui n' ont pas les moyens comme Staline , d'imposer leurs utopies en passant en force, heureusement, mais ils essayent.

La loi Touraine sur la médecine contient , elle aussi, très peu de mesures qui visent en toute simplicité et sérieux d'améliorer notre système de santé.

La volonté de généraliser le tiers payant va même à l'inverse du souci principal de l'Etat, celui de réduire les dépenses de santé. On ne prend cette mesure que pour des raisons idéologiques. Si l'on veut livrer les notaires et les pharmaciens à la concurrence , on veut au contraire fonctionnariser les médecins. Les idéologies sont , on le voit, différentes mais le but recherché est le même : la fin des professions libérales (et sans doute des classes moyennes en général) que les idéologues n'ont jamais aimées car dans libérales, il y a liberté.

Ce qui restait des dispositifs prudents de le loi Veil disparait avec l'abrogation du délai de réflexion avant un avortement. Dès son arrivée , Mme Touraine avait rétabli le remboursement à 100% de cet acte , sans tenir compte des problèmes de financement, ni que les soins dentaires ne sont remboursés, eux, qu'à hauteur de 20 %. Pour les idéologues socialistes, tout ce qui favorise l'avortement est bien , sans aucune considération de la réalité dramatique qui se trouve derrière cet acte, devenu un simple symbole de progressisme, comme les salles de shoot.

Dans le même ordre d'idées, la loi Léonetti avait réalisé un juste équilibre, salué par tous , en matière de fin de vie. Cet équilibre, sans aucune nécessité autre qu'idéologique, est remis en cause par les projets en cours.

On pourrait aussi regarder la loi Taubira de réforme de la justice en préparation. Là aussi , au nom d'une philosophie a priori ( la culture de l'excuse, la subversion de l'idée naturelle du bien et du mal et de la punition ), on tourne le dos aux problèmes des Français très inquiets au contraire de la hausse de l'insécurité.

Les projets de Vallaud-Belkacem sur l'éducation nationale continuent sur la voie fatale du tronc unique et de l'interdisciplinarité dont personne n'attend la solution des vrais problèmes de cette institution.

Malgré les idéologies disparates auxquelles se réfèrent ces réformes ( collectivisme en matière d'éducation nationale ou de médecine, ultralibéralisme en matière de professions réglementées, culte de la dimension en matière territoriale) , toutes ont le même effet de brouiller, voire détruire les repères fondamentaux des Français: la famille, les régions historiques , la commune, le bien et le mal etc. Elles auront l'effet de rendre nos concitoyens encore plus paumés, dans un monde qui leur semble devenu fou. Cela est particulièrement vrai dans le monde rural, plus secoué que le reste du pays par les réformes territoriales. C'est là que le FN progresse le plus même quand il n'y a pas de population immigrée.

La diplomatie , elle même, a été remplacée par une vision naïve de la lutte du bien contre le mal, au risque de douloureux réveils tel le rapprochement , dans notre dos, des Etats-Unis avec Assad.

L'idéologie existe depuis longtemps, il est vrai; mais elle se combine en général avec des considérations réalistes, pragmatiques . Avec le gouvernent Hollande-Vals, l'idéologie est devenue chimiquement pure, ou presque. Cela est sans précédent dans l'histoire, même dans les régimes totalitaires.

Cela tient avec la mentalité des socialistes d'aujourd'hui qui , dans la surenchère des congrès, ont perdu l'habitude de considérer la réalité en tant que telle : ils ne prennent en compte que les mots et leurs valences idéologiques. Grave déformation intellectuelle : certains tiennent même l'idéologie pour une maladie de l'esprit, analogue à la folie. Elle agit comme un virus dans le logiciel de la décision politique.

Sans pousser l'analyse aussi loin, les Français sentent confusément que quelque chose d'essentiel manque à ce gouvernement . Ils sentent très bien qu'il a d'autres préoccupations qu'eux, qu'il suit un autre logique que la recherche du bien commun, de leur bien, de la res publica, qu'il leur tourne le dos pour ne connaître que des lubies idéologiques très éloignées de leurs soucis quotidiens.

Et comme il est dans la nature des idéologues de méconnaitre la réalité, on peut craindre qu'ils méconnaissant aussi le rejet massif qui s'est exprimé lors des dernières élections, qu'ils continuent aveuglément leur politique destructrice.

Si nous étions dans un monde normal, après ces élections départementales calamiteuses pour la gauche , Valls serait renvoyé et Hollande tenterait une autre politique. Mais, sous Hollande, nous ne sommes pas dans un monde normal. Et c'est bien cela qui est inquiétant.

Roland HUREAUX

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